« Vivre ensemble : oui, mais comment ? » : une question sur le handicap et la différence qui a trouvé ses réponses tout au long du mois de mars

Vie Pratique
En février dernier, la CCHT a présenté un diagnostic sur l’accessibilité : mené de septembre 2021 à janvier 2022. Il a mis en lumière les points forts et les points d’attention du territoire...

...dans les domaines de l’habitat, de la mobilité, de la culture, du sport et de l’emploi.

Par exemple, un des points d’évolution potentiel réside dans le changement des mentalités, car la méconnaissance et les a priori sur le handicap freinent l’intégration des personnes concernées.

Pour y remédier, la Communauté de Communes a mené dès le mois de mars des actions d’information, de sensibilisation du grand public et d’inclusion des personnes. En partenariat avec la Médiathèque de Séez, la question « vivre ensemble : oui, mais comment ? » s’est déclinée tout le long du mois à travers une exposition de matériel handisport généreusement prêté par l’association Handi Evasion Savoie et des animations à destination de tous. Petits, grands, en situation de handicap physique, mental, sensoriel, personnes âgées, et tout-venant ont pu « sortir de leurs repères, de leur carapace et de leurs armures », selon les mots du philosophe en situation de handicap, Alexandre Jollien, pour aller à « la rencontre de l’autre ».

 

Des animations pour passer du « bon sens » à la prise de conscience

Le mois de la sensibilisation et de l’information sur le handicap s’est ouvert le 4 mars avec l’accueil des classes de l’école de Séez pour une matinée sur le handicap sensoriel, avec la lecture de livres audio et tactiles. L’après-midi, l’Association des Paralysés de France a animé auprès des CE2, CM1 et CM2 un parcours dédié aux handicaps visuel et moteur : en binôme, les élèves ont pris place, l’un dans un fauteuil, l’autre derrière, et ont découvert les complications du quotidien. Cette animation s’est poursuivie le lendemain auprès du grand public et a amené à poser la question de la responsabilité : « quelle est la raison de cette difficulté au milieu du cheminement ? ». Les réponses sont multiples : gestes d’incivilité, oubli, le vent, etc., mais aboutissent à une même conclusion. Tout un chacun est responsable de l’accessibilité, via des actes du quotidien : ramasser les crottes de son chien, faire attention à ne pas placer d’obstacles sur la chaussée, mais aussi poser la question quand quelqu’un semble avoir un besoin.

Le samedi suivant, Alain BLANC, sociologue à l’université de Grenoble et spécialiste du handicap, était invité à la Médiathèque pour une conférence sur les mobilités réduites. Il donne un exemple criant : les uns et les autres, avons déjà été amenés à marcher avec un enfant, une personne âgée, un adulte qui ne voit pas bien. Il faut alors changer de rythme pour continuer à « marcher avec ». C’est s’adapter et accepter l’autre, celui, qui, de même que l’étranger, nous invite à réfléchir à notre propre langage, à aplanir les marches de notre quotidien, à concilier des rythmes différents mais pas si éloignés. Non seulement responsables de l’accessibilité, nous sommes donc aussi acteurs de l’intégration.

 

Les tout-petits, prochains acteurs de l’intégration

Le vendredi 11 mars, la médiathèque a accueilli les maternels de Séez ! Des lectures tactiles, audio, et des parcours ont permis aux tout-petits de prendre conscience de leurs sens, de ce qu’est un handicap. Un moment de partage et d’échange avec Guy ARPIN, ancien champion handisport de ski alpin qui était aussi de la partie.

Le dernier jeudi du mois, Anne-Laure MAITRE, responsable du Relais Petite Enfance de la Communauté de Communes de Haute Tarentaise a organisé une animation à destination des 0–3 ans à la médiathèque de Séez. Intitulée « Tous pareils, tous différents », cette matinée a pris place entre la journée nationale de la trisomie et la journée nationale de l’autisme. Au programme : des jeux sensoriels qui ont interrogé la place du toucher et de l’ouïe, et du yoga pour enfants. Sur des photos du magazine de yoga, ça et là, figurent des enfants avec une trisomie… Comment, « l’air de rien », donner à voir, dès le plus jeune âge, ceux que l’on ne voit que trop peu.

 

Au-delà des limites : des témoignages qui élargissent le champ des possibles

Le samedi 19 mars, la médiathèque de Séez a baissé ses rideaux pour un visionnage du film « Les Montagnes du silence ». Ce film retrace une expédition de sourds, malentendants et entendants en Antarctique sur les traces du naufragé Ernest Shackleton. Dans le public, des curieux de tous bords, des membres de l’association « Les montagnes du silence », des personnes qui ont participé à l’expédition, Daniel et Françoise BUFFARD qui l’ont dirigé, et Paul PELLECUER, maire des Chapelles et guide de haute-montagne qui a aussi pris part à cette aventure humaine. A la fin, des questions posées à l’oral ou en langue des signes. Une illustration effective de ce qu’est une démarche inclusive : tous ensemble sur la coque d’un voilier, ou confortablement installés sur les chaises de la médiathèque, sur les pas d’un navigateur naufragé, face aux combats auxquels la population sourde s’est confrontée, tous ensemble à la recherche d’un langage commun.

Le mois de la sensibilisation au handicap s’est clôturé le samedi 26 mars avec « Des instants de vie, des instants de sport ». Des sportifs bien connus de la vallée, Alain MARGUERETTAZ, Guy ARPIN, l’un en situation de handicap moteur, l’autre en situation de handicap visuel, et d’autres acteurs du handisport comme Alexis BRUN, président de l’association Handiski Les Arcs, ont témoigné : les freins, les opportunités… Mais aussi de croustillantes anecdotes sont venues pimenter cette soirée. Faire du ski alpin quand on est aveugle ? Possible ! Des raquettes ? Oui ! Et même du vélo. Cette animation, au-delà de sa dimension de partage, a aussi permis à des personnes en situation de handicap intéressées pour pratiquer un sport de s’informer et ouvrir le champ de leur possible. Comme une conclusion à toutes les animations qui l’ont précédée, cette table-ronde a montré que les limites ne sont pas toujours celles que l’on croit (physiques) : la première restant bien trop souvent le regard des autres.

 

Un mois riche en apprentissage, en partage et en espoir

 

La Communauté de Communes de Haute Tarentaise souhaite continuer sur cette lancée : c’est progressivement, à force de sensibilisation et d’information, que le changement de mentalité opèrera. Au-delà de cette ambition qui aspire à résonner au niveau d’autres médiathèques et des offices du tourisme de toute la vallée, un objectif a été largement atteint : inclure les personnes avec des besoins spécifiques dans les programmes d’animation, parler d’elles, les rendre visibles et présentes. Ainsi, une solution de transport a été mise en place pour aller chercher chez elles les personnes qui ne peuvent pas se déplacer et leur permettre de prendre part, comme tout un chacun, à la vie du territoire.